Le Chasseur de la douleur

 

Extrait de l'la spalla dollente dell'arte". C'est pour préserver la richesse sonore du titre italien que nous avons changé le titre dont la consonnance eleusienne eut été perdue. Ce qui suit est un extrait de l'excellente analyse de l'historien d art moderne et contemporain Achille Bonito Oliva.

 

William Seward Burroughs travaille à l'intersection de deux traditions. L'une en relation avec l'avant-garde historique et la stature stratégique de Marcel Duchamp avec ses readymades, l'autre de la pensée ésotérique héritée de Castenada, et qui tend à une forme de ré-évaluation des chances convoquées par des techniques qui prennent leurs racines dans le quotidien et pour lesquelles l'usage des techniques qui n'ont rien à voir avec l'appareil, ou l'apparat technico-expressif qui s'est installé dans l'histoire de l'art.

 

William Seward Burroughs a trouvé une utilisation de la précision du chasseur et de la douleur de sa proie.

 

Parce que l'art n'est précisément rien d'autre que cela: un court-circuit entre Eros et Thanatos. Chaque acte qui crée un terrain de vie est précédé par un acte de destruction, suivant le classique adage de Nietzche. La destruction sert à clarifier l'espace, vivifiant les matériaux de telle sorte qu'ils soient utilisables, libres de toutes scories.

 

Les oeuvres de Burroughs sont des oeuvres en mouvement, déterminées à un moment d'une brève pugnacité, qui ne craindront jamais l'immobilisme d une plénitude définitive. Elles restent ouvertes à un dynamisme que le public peut alors poursuivre.

 

L'artiste n'est pas un objecteur de conscience qui renonce à l'action pour vivre l'agrément d'un pacifisme spirituel raffiné.

 

Dans le cas de William Seward Burroughs, il accepte la violence inévitable et la plie aux nécessités de l'expression, il en démonte l'usage comme un moyen possible, pour casser la cuirasse stylistique du monde et pour l'ouvrir à de nouvelles perceptions.

 

L'artiste est un chasseur avec des projets sociaux et qui sa vie durant, en créera les fondations.

 

Achille Bonito Oliva

 

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